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QUAND ETERNOZ RIMAIT AVEC RECHERCHE PETROLIERE !

 La compagnie des pétroles France - Afrique ( COPEFA) avait jeté son dévolu sur la commune d'Eternoz pour entreprendre une prospection pétrolière dans l'année 1960.

 

Le site retenu était une partie du plateau d' Eternoz dans le bois des Bornes aux coordonnées X 879 180  Y 229 590 sur un canevas lambert II à une altitude de 524 m. 

Cet endroit correspond aujourd'hui à la clairière qui accueille la maison de Chasse Pascal Bordy.

D'autres  forages de discernement ont été aussi amorcés dont un en bordure de la route de Coulans à la sortie d' Eternoz (C.F photo ci-après) afin de déterminer le site  final à privilégier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les travaux commencèrent le 02 février 1960 et s'achevèrent le 24 juin 1960.  Un derrick fut érigé pour procéder au forage qui atteignit la profondeur maximale de 2.500 mètres.

 

Afin d'inventorier les richesses de notre sous-sol il est donc entrepris un forage qui nécessite la

construction d'un derrick , sorte de tour eiffel d'acier devant permettre le maintien et le

maniement des tubages et trépans de forage. Ces trépans étaient formés de têtes  comportant

des dents d'acier au carbure et pour  grignoter les parties de roche les plus dures, des pointes de

diamant pouvait être employées.

Les arbres de forage devaient tourner pour que ces trépans percent les roches et sédiments, ils

étaient alors prolongés par des tubes qui s'emboitaient les uns aux autres au fur et à mesure que le

forage progressait dans les profondeurs du sous sol. Chaque remontée des tubes contenant les

sédiments ainsi "carrotés" permettaient en les filtrants ou les lavant d'analyser leur composition physico-chimique et déceler les traces éventuelles de sels, d'hydrocarbure ou de schiste bitumineux,  qui étaient l'objectif de la prospection.

Faire à la verticale un tel forage c'est aussi un voyage à remonter le temps pour retrouver les témoignages de l'état physique du globe à travers les millénaires. Chaque couche ainsi traversée raconte ou évoque le paysage de ces temps anciens,  où mers, dunes, plages existaient et dans lesquels pendant plusieurs millions d'années la vie déployait déjà ses multiples facettes sous forment d'invertébrés, de coraux, d'organismes mono ou pluri cellulaires, de végétaux (algues, Roseaux, graminées, ...). L'entassement, la décomposition, la superposition, l'enfouissement sur des centaines et milliers de mètres de hauteur participaient à compresser, souder ces résidus et les soumettre à de très fortes pressions d'écrasement. Cela contribuait à leur fermentation, leur transformation se combinant avec les érosions des premières roches magmatiques et volcaniques lointaines, les agglomérations avec les sables et les vases. Toute cette traversée d'histoire géophysique du globe terrestre est le témoignage de ces temps anciens sont donc contenus dans le moindre mètre vertical de roches et sédiments. Mais avant de découvrir toutes les variétés de ces substrats superposés verticalement et invisibles à nos yeux humains qui ne peuvent que voir les parties superficielles affleurant des roches et falaises qui nous entourent,  revenons en à l'impressionnant déploiement d'outils et machines capables de procéder à une telle prospection.

A travaux démesurés, machine démesurée. Il faut de la puissance pour entrainer les arbres de forage, d'une part pour les entrainer en rotation participant à faire tourner le trépan devant mordre la roche et s'engager dedans et d'autre part une puissance impresssionante de traction vers le haut pour extraire les tubes de forage chargés de pièger les  sédiments traversés pour en faire l'analyse.

Il fut utilisé une machine à vapeur pour apporter la puissance et la force nécessaire à ces forages ainsi qu'un groupe électrogène pour les moteurs électriques, les éclairages car les forages se déroulaient en continu jour et nuit..

 

Le rapport de cette propspection est instructif à plus d 'un titre. Le site d'Eternoz choisi appartient à une immence dalle de 25 km² de la région d'Ornans et est un ancien bassin maritime ( d'où présence d'eau salée détectée en profondeur avec des densités allant de 35grammes /litre  jusqu'à 85gr/ litre, intercalé entre celui de Ronchamps ( source de l'ognon au piemont Vosgien) et celui de Lons le Saunier. On apprend que la disposition verticale des sédiments et la porosité des roches formées présenteraient une capacité d'être un bon réservoir à hydocarbure mais les traces détectées en profondeur se révèlent trop faibles à travers ces 2500 mde profondeur.

Il y a peut être à plus grande profondeur au delà de ces 2500 m  d'autres espoirs sur ce plan mais les moyens techniques de l'époque ne permettaient pas d'aller au délà de cette profondeur.  

Qui sait si aujourd'hui avec des moyens plus conséquents et une technique qui depuis a largement évolué il ne pourrait pas y avoir un jour une reprise de ces recherches au-delà des 2500 m. l'avenir le dira !.

La liste des différents matériaux inventoriés lors de cette prospection est impressionante. Des quartz bipyramidaux, des traces de fluor, des calacaires olithiques, des grès issus de décomposition de roseaux et même des élements fortement radioactifs ont été inventoriés selon le rapport  final édité en 1961.. Les termes géologiques sont nombreux et désignent pour chaque épaisseur traversée une époque géologique traduisant l'état de la surface à ces périodes lointaines; 

Nous avons sous nos pieds le témoignage d'une transition dramatique impactant la vie sur terre il y a pres de 252 millions d'années.entre deux ères géologiques: le permien et le trias.

L'extinction Permien-Trias ou extinction permienne est une extinction massive survenue il y a environ 252 millions d'années . Elle délimite les périodes géologiques du Permien et du Trias, donc la limite entre le Paléozoïque (l'ère primaire) et leMésozoïque (l'ère secondaire).

Cette extinction est marquée par la disparition de 95 % des espèces marines et de 70 % des espèces vivant sur les continents, ce qui en fait la plus grande extinction massive ayant affecté la biosphère. Deux hypothèses sont émises pour expliquer ces extinctions, un changement climatique provoquant une augmentation de l'aridité et l'évaporation ainsi qu'une perturbation des écoulements marins. les températures de surface avoisinait 60° C et 40° dans l'eau . Cet épisode climatique doit nous interpeller à l'heure où aujourd'hui nous parlons des impacts de l'activité humaine, du réchaufement climatique et des modifications climatiques provoquant de sérieux  désordres, fontes des calottes glaciaires, augmentation des températures moyennes des mers et océans produisant plus de cyclones et ouragans, des précipitations abondantes et des périodes de sècheresses ou  de canicules (Incendies de forêts gigantesques en Californie et Australie).

L'autre hypothèse serait accidentelle, du genre d'un impact terrestre d'une météorite géante projetant dans la stratosphère une immense quantité de matériaux terrestres et de la météorite formant une ceinture obscurcissant le ciel et créant un effet de serre très important faisant monter la température de surface. Cette élévation de température climatique provoquant unetrès forte évaporation, l'aridité des sols suivie de leur érosion importante. ( Création des sables..;)

Les inventaires des couches successives issus du forage sur le site d'Eternoz sont rapportés dans les tableaux ci-dessus. On peut résumer les stratifications verticales comme ceci:

 

  • De la surface à 300 m de profondeur dominance calcaire oolithique graveleux de ce qui est appelé Calcaire dur Bathonien ( Bathonien vient du nom des falaises calcaire de la région de Bath  / Douvre  en Angleterre) Calcaire avc des veines grises.

  • Entre 300 m et 400 m de profondeur présence  couche calaire à oolithes ferrugineuses et d'argiles grises nous sommes là dans la période de l' AALENIEN

  • De 400 à 500 m  dominance d'argiles grises et de marnes calcaires grises beiges, argiles grises indurées périodes partagées par le TOARCIEN et le CHARMOUTIEN;

  • A partir de 550 m de profondeur on aborde l'étage de KEUPER: Période géologique correspondant au trias supérieur, caractérisée par la présence de marnes irisées

  • De 500 à 700 m de profondeur alternances de couches de marnes grises, de calcaires marneux, gris à gris noir, d'argiles noires silleuses, de grès fin gris clair et de dolomies marneuses grises claires. ( Les dolomies sont des formations de couches calcaires issues de l'accumulation de résidus d'animaux marins-( Nos chandeliers dans le bois des Bornes sont des exemples de calcaires dolomites).

  • Puis on trouve des couches  ensuite en alternances des couches d'argiles bariolées et d'anhydrites. En approchant les 700 m des dolomies moellon gris clair et enfin vers 700 m des couches de grès à roseaux . Ce sont des argiles sillogréseuses et lignite liées à l'entassement et à la décomposition de végétaux.

  • de 700 à 800  on trouve une couche importante de sel massif avec quelques intercalaires d'argiles et de gypse.

 

  • De 900 à 1000 m de profondeur on trouve  du sel massif et en approchant les 1100 m de profondeur des alternances de marnes dolomitiques de dolomie marneuse et d'anhydrite.

 

  • de 1100 m à 1200 m différentes couches d'argiles grises avec des bancs d'anhydrite à la base et au sommet  des couches. On rentre dans la période du MUSCHEKALK qui est une phase du Trias moyen et correspond à des dépôts sédimentaires calcaires dans une mer peu profonde de quelques dizaines de centimètres à un peu plus d'une centaine de mètres selon les périodes. La faune y est en général abondante.

 

  • De 1200 à 1300 m de profondeur on trouve des grès bigarrés et rosés à grains arrondis ainsi que des grès à quartz

 

  • A partir de 1300 m de profondeur on entre dans l'ère du PERMIEN; Le  Permien est un système géologique qui s'étend de - 298,9  à  -252,2 millions d'années. Il s'agit de la dernière période du Paléozoïque. Le Permien est précédé par le Carbonifère  Le Permien a été nommé d'après la ville de Perm en Russie, où se situe un gisement fossilifère de ce système. La fin du Permien est marquée par la plus sévère des cinq principales extinctions de masse survenues sur Terre. Il s'agit de la quatrième qui a vu, selon les estimations des scientifiques, disparaître 75 % des espèces de la terre ferme et 96 % des espèces marines. La fin des dinosaures date de cette période.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voici à quoi ressemblait notre terre à cette période, bien avant la dérive des continents et les mouvements des plaques tectoniques.

 

  • de 1300 m à 2000 m nous sommes en présence d'épaisses couches successives d'argiles gréseuses brun rouge ou lie de vin avec des grès fins ou grossiers, argileux et ferrugineux. ( contenant du Fer).

 

  • Entre 2000 et 2100 m de profondeur les argiles deviennent brun rouge et silleuses avec des présences de mica.

 

  • A partir de 2200 m les argiles brun rouge sillo gréseuses et les argiles brunes prédominent;

 

  • de 2200m à 2500 m ( fin du forage) on trouve en alternance des argiles schisteuses et des argiles brunes sillo-gréseuses intarcalées d'argilites brun rouge sillueuses et miccacées et de fines tranches  d'argile dolomites brune et violette. Si on décappait  et érodait alors notre sous sol à ce niveau on aurait une apparence  telle celle que l'on peut observer dans le grand canyon du Colorado.

 

 

 

 

 

Remontons à la surface.

 

Le forage a donc pris 5 mois. Chaque carrotte remontée dans les tubes de forages était répertoriée par un numéro, puis leur contenu disposer dans des sacs de jute ( voir sur une des photos) et entreposée dans l'attente de l'analyse dans le laboratoire par les géologues.

elles ont été condensées dans un rapport édités en  mars 1961 ce qui montre la durée des études pendant près de 10 mois..

 

Les experts ont rendu leurs analyses et éditer 2 rapports. les curieux intéressés et ayant soif de la connaissance scientifique trouveront dans ces rapports moults informations sur ce qu'il y a sous nos pieds.

Peu de fossiles en fait; quelques gastéropodes, des arrêtes de poissons, des coquillages et anciens coraux et squellettes de coquilles, des sables, des marnes, des grès, des sels, du quartz, des dolomies et bien d'autre choses encore.

Les fichiers sont disponibles en cliquant sur les images suivantes , bonne lecture et découverte !

 

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Remerciements à M. Jean Garnier pour le fond documentaire transmis ainsi que les photos.

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